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cr  01.04.2012      r+  22.10.2024      r-  22.10.2024      Pierre Pinard.         (Alertes et avis de sécurité au jour le jour)

« Pay to surf » (PTS) est un modèle économique ayant atteint une certaine popularité dans certains milieux (enfants, élèves, étudiants, jeunes en quête d'un peu d'argent facile pour payer leurs connexions Internet) vers la fin des années 1990 et jusqu'à la « crise des dot-com » (explosion de la « bulle Internet » en mars 2000).

Dans le principe, une entreprise Internet (un site Web) utilise les revenus des publicités qu'elle délivre et qui s'affichent sur les écrans de ses membres pour leur procurer un revenu censé leur payer le temps passé à surfer (c'est-à-dire une infime partie de ce que gagne le site Web de « Pay to surf »).

Une entreprise de « Pay to surf » (un site Web) fournissait un petit programme (un adware sous forme d'une barre d'outils installée dans le navigateur Web du membre) après son inscription (avec révélation de quelques données personnelles). Pour mémoire, il s'agissait du fameux malware connu sous le nom de « Viewbar ».

Les bannières publicitaires des annonceurs étaient alors affichées pendant que le membre naviguait sur le Web.

Étant donné que la barre d'outils suivait (tracking) les sites Web visités par l'utilisateur (clickstream) et surveillait la victime, les régies publicitaires de la société de « Pay to surf » étaient en mesure de diffuser des annonces ciblées (profiling, ciblage comportemental, marketing comportemental).

Le site Web de « Pay to surf » (son entreprise, derrière le site) versait une petite somme (généralement 0,50 US$) pour chaque heure de navigation d'un membre (il fallait faire la preuve de sa présence en cliquant régulièrement sur des bannières publicitaires).

Les membres étaient généralement limités dans le temps (par mois) pour lequel ils seraient payés pour surfer (généralement 20 heures, soit 10 US$ maximum de gains/mois).

Gagner de l'argent sur Internet sans effort :

Les entreprises de « Pay to surf » rémunéraient également leurs membres pour chaque nouveau membre inscrit par parrainage (entre 0,05 et 0,10 US$ par nouveau inscrit selon le niveau de parrainage dans un système multi niveaux). Les membres étaient ainsi poussés à devenir des zélotes du site de  « Pay to surf » sur lequel ils sont membres, encourageant famille et amis à s'inscrire de leur part.

Les mineurs, dont beaucoup affluaient vers ces modèles de revenus faciles (?), devaient obtenir le consentement d'un parent ou d'un tuteur légal (ce qui est falsifiable par le candidat et invérifiable par le site Web de « Pay to surf ».

La société de « Pay to surf » la plus connue était AllAdvantage. Lancée le 31 mars 1999, elle a atteint 13 millions de membres en un peu plus d'un an grâce au système de parrainage multi niveaux de recrutement. Le système a capitalisé sur l'idée que n'importe qui pouvait gagner de l'argent facilement. AllAdvantage cesse ses activités en février 2001 Au moment où elle a fermé ses portes, la société aurait versé plus de 160 millions de dollars à ses membres (et en aurait donc gagné environ 100 fois plus). Elle tenta même de renaître de ses cendres et remettre le couvert sous le nom de AGLOCO en 2006 avec la fameuse Viewbar (Viewbar.exe). Viewbar, par Agloco, est une petite barre d'outils qui se trouve en bas de votre écran ou de la fenêtre de votre navigateur pendant que vous surfez sur Internet. Viewbar est ce qui permet à AGLOCO d'amasser l'argent que vous gagnez en naviguant sur Internet. « Soyez rémunéré en naviguant », mais vous devez obligatoirement donner votre accord pour qu'ils enregistrent vos informations personnelles (tracking et surveillance). En 1999, la société Ad-Aware vient de se créer et cause du tord aux sociétés de tracking (SpyBot en 2000, etc.).

Il existait plusieurs dizaines d'entreprises de « Pay to surf » et les membres de nombre de ces site (entreprises) n'ont jamais été payés (conditions de paiement avec un minimum de 100 US$ de gains soit plusieurs mois avant d'être payé, minimum d'heures de surf par mois, intervalle minimum entre deux clics, interdiction de recherche de filleuls par spam, sociétés de « Pay to surf » qui disparaissaient aussi vite qu'elles se créeaient, etc.).

Après l'effondrement de la « bulle Internet », fin 2001, les entreprises de « Pay to surf » restantes disparaissent petit à petit. Ce modèle économique frauduleux n'existe plus (mais le navigateur Web Brave tente, en 2018, quelque chose dans le même esprit en voulant nettoyer le Web de l'espionnage et de la surveillance des internautes – la publicité Oui, le tracking Non).

Fraude au « Pay to surf »

De nombreux internautes ont tenté de frauder les sociétés de « Pay to surf ».

  1. Recherche de filleuls, pour parrainages, par spam, ce qui était interdit dans les clauses des sociétés de « Pay to surf ».
  2. Développement d'utilitaires simulant une activité de navigation et faisant des clics sur les pubs à intervalles à peine supérieurs à l'intervalle minimum imposé contractuellement. Certains utilisateurs ont même créé des dispositifs de déplacements de souris mécaniques qui tournaient autour de leur bureau (« JiggyMouse »). Ces programmes et appareils permettaient aux utilisateurs de se faire payer simplement en laissant leurs machines allumées. Cela a déclenché une course aux armements entre les sociétés de « Pay to surf » et leurs membres. Les « Pay to surf » mettaient au point des détecteurs de fraudes de plus en plus sensibles tandis que les hackers développaient des programmes de fraude de plus en plus sophistiqués.